Le démantèlement des lignes ferroviaires obsolètes ou en fin de vie constitue une étape essentielle pour la préservation de l’environnement et l’optimisation des ressources. En France, les infrastructures inutilisées représentent un volume considérable : entre 1930 et aujourd’hui, plus de 38 000 km de lignes secondaires ont été fermées. Désormais, ces sites font l’objet d’opérations techniques complexes permettant de valoriser les matériaux et de réduire les impacts écologiques.
Principes et enjeux environnementaux
Réduction de l’empreinte écologique
Les lignes désaffectées laissent parfois des polluants (huiles, créosote des traverses). Leur dépose, tri et traitement évitent la contamination des sols et des eaux, notamment les eaux souterraines.
Réemploi et économie circulaire
SNCF Réseau vise à collecter 100 % des matériaux structurants (rails, traverses, ballast) pour les réemployer ou recycler : en 2024, 5,4 % des rails posés étaient issus du réemploi, et l’ensemble des rails non réemployés étaient recyclés. Cela permet de traiter près de 2 millions de tonnes de produits retirés chaque année.
Optimisation de la valeur matière
Le ballast, les traverses et les rails sont considérés comme des gisements de matières premières secondaires. En 2024, environ 375 000 t de ballast ont été réutilisées, économisant 221 000 t de CO₂.

Un processus en plusieurs étapes
Le démantèlement des lignes ferroviaires s’organise autour d’un processus structuré :
- Études préalables
Cartographie des infrastructures, repérage des zones polluées (créosote, hydrocarbures), évaluation des sols et mise en place de mesures de prévention en lien avec les DREAL. - Dépose des équipements
Retrait des rails à l’aide d’engins spécialisés, découpe des traverses (y compris amiantées), tri des composants (clous, fixations, câbles). - Collecte et tri
Séparation des matériaux selon leur destination : - rails pour refonte ou réemploi
- traverses triées selon leur traitement (bois, béton, amiante)
- ballast nettoyé et réutilisé
- Transport et valorisation
Les matériaux triés sont acheminés vers des sites de recyclage ou de réemploi. - Réhabilitation des espaces
Les emprises libérées sont remblayées, paysagées ou réaffectées (voies vertes, projets urbanistiques).


Défis techniques et environnementaux
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La présence de matériaux polluants (créosote, hydrocarbures, amiante) exige des précautions spécifiques en phase de dépose et un traitement adapté .
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Il faut concilier rentabilité économique et baisse de l’impact carbone, en privilégiant le réemploi au recyclage quand possible .
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La logistique du transport des gros volumes (rails, traverses) nécessite des plateformes proches du réseau ferroviaire, comme Grémonville, pour minimiser les déplacements.
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L’organisation d’un suivi environnemental régulier (sols, eaux, poussières) est indispensable pour respecter les exigences DREAL et limiter les impacts locaux.
Conclusion
Le démantèlement des lignes ferroviaires obsolètes constitue une opportunité unique d’inscrire la gestion des infrastructures dans une logique d’économie circulaire. Au-delà de la simple gestion des déchets, il s’agit de réhabiliter les espaces, de valoriser les matériaux et de maîtriser les risques environnementaux.
Pour réussir cette transition, il est essentiel d’associer les acteurs techniques (SNCF Réseau, plateformes dédiées, DREAL), de renforcer la traçabilité matière et de pérenniser l’emploi lié à ces filières spécialisées.